Côte/Côte

11 mai – 22 octobre 2023

 

Le parcours cherche avant tout à engager des dialogues plastiques. Les sujets traités par les étudiants peuvent être renforcés, détournés ou divertis par la confrontation avec les pièces des collections du musée.

Créer, c’est souvent réécrire, reformuler, détourner, prolonger, contredire, etc. Le papier peint panoramique classique du type paysage a inspiré des créations, par sa possibilité de récit fluide qui vous immerge, ou au contraire en donnant envie de souligner la prégnance du découpage en lés. Certaines œuvres des collections du musée ont été sélectionnées pour une analogie de formes ou de thèmes. Des compositions se font ainsi écho d’un siècle à l’autre. Leur capacité à donner du rythme à l’espace a été explorée.Du côté de la mémoire des techniques, la puissance du mode de pose a été utilisée. L’irisé a été déployé. Les lignes, leur sinuosité sont souvent le motif, même sans représenter. Quant à la superposition, elle est présente dans plusieurs projets, paroxysme de l’impression, volonté de saturation visuelle comme volonté de puissance. Le papier peint est affaire de motifs. Trouver un sens au motif, utiliser le motif comme message, pister le motif récurrent dans des photos de famille.

Face à ces réflexions sur la spécificité du papier peint, une approche complémentaire vise à le réintégrer dans une continuité sociale et culturelle. La juxtaposition des objets qui composent une habitation est un portrait des individus qui y vivent, a minima un portrait de l’époque, un portrait social, un portrait travaillé consciemment ou inconsciemment par des personnalités. Choisir un papier peint peut permettre de construire un espace, son espace. Le commerce et les arts décoratifs proposent du prêt à l’emploi, mais qu’il est aussi possible de subvertir. Dans l’exposition, plusieurs travaux abordent cet aspect portrait de nos intérieurs.

Enfin, sur un versant à la fois narratif et poétique, le temps est un thème récurrent : temps qui passe ou qui dure, temps fictif hors du temps, transformations, traces qui peuvent devenir matrice, dégradations et ruines. Les émotions sont là, démons du passé, angoisse, ou au contraire nostalgie douce qui fait aimer le désuet. Régulièrement, des visiteurs du musée viennent en étant motivés par le souvenir d’un lieu dont le papier peint les a marqués. Plusieurs étudiants ont ainsi travaillé sur la mémoire et son processus. L’histoire des murs d’un lieu est un bon support aux souvenirs ou à leur suggestion. La mémoire elle-même, en retenant des motifs particuliers de notre vie, crée un nouvel endroit, un nouveau motif, qui n’est pas exactement celui du passé mais la trace qui s’est cristallisée en nous. Ce motif peut devenir papier peint.